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Le département API, pour un accompagnement « sur les derniers mètres »


Rédigé par Joëlle Hayek le Mercredi 7 Juin 2023 à 09:02 | Lu 1158 fois


Participant, sous le pilotage de l’ARS, à l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie numérique régionale, le GRADeS e-santé Occitanie s’appuie sur quatre départements internes pour favoriser et accélérer le développement des usages numériques sécurisés en santé. Nous avons rencontré Renaud Lefèvre, directeur du département Accompagnement de Proximité et Innovation.



Renaud Lefèvre, directeur du département Accompagnement de Proximité et Innovation du GRADeS e-santé Occitanie. © GRADeS e-santé Occitanie
Renaud Lefèvre, directeur du département Accompagnement de Proximité et Innovation du GRADeS e-santé Occitanie. © GRADeS e-santé Occitanie
Pourriez-vous, pour commencer, nous présenter le département Accompagnement de Proximité et Innovation (API) ?

Renaud Lefèvre : Le département API accompagne, en proximité et au plus proche, « sur les derniers mètres », les professionnels de santé dans le développement de leurs usages e-santé. Nous nous appuyons aujourd’hui, pour cela, sur une équipe de 21 animateurs territoriaux, avec à chaque fois un à deux animateurs implantés dans chacun des 13 départements occitans.

Ce maillage avait été mis en place dès 2019…

Il a effectivement été constitué dans le cadre du programme E-parcours, qui vise à déployer des outils numériques de coordination des parcours de santé en région. Rapidement, ce champ a été élargi pour répondre aux besoins de sécurisation des échanges dans le cadre d’activités pluriprofessionnelles, avec des outils comme la Messagerie Sécurisée de Santé. Progressivement, l’animation territoriale a porté sur la promotion de l’ensemble des offres du Groupement, intégrant par exemple la télésanté ou l’aide à l’orientation. Sans surprise, depuis quelques mois maintenant, le département API est également très actif dans l’appui à la mise en œuvre du Ségur numérique en santé à travers les différents services socles. Vous l’aurez compris, les animateurs territoriaux s’adressent à tout le scope des acteurs de santé au sein de notre région : les établissements sanitaires, les structures médico-sociales et sociales, les équipes de coordination… Pour les professionnels de santé de ville, le développement des usages est porté en lien avec le réseau des Délégués au Numérique en Santé (DNS) de l’Assurance Maladie.

Comment saisir cette équipe ?

Deux modes existent. L’équipe d’animation territoriale sollicite directement un acteur de santé pour proposer le déploiement d’un service numérique de santé ou un accompagnement. Mais l’initiative peut également venir d’un professionnel, d’un établissement ou d’une structure, sanitaire, médico-sociale ou sociale, qui contacte l’animateur de son territoire pour demander des conseils personnalisés pour un projet local en lien avec la santé numérique ou dans une démarche globale. Ce dernier cas de figure est d’ailleurs fréquent, les actions des animateurs territoriaux étant désormais connues et reconnues. Les acteurs de la santé expriment une demande d’accompagnement personnalisé et stable dans la durée et apprécient grandement de pouvoir s’appuyer sur des interlocuteurs privilégiés, avec lesquels ils ont développé des liens et dont l’expertise facilite leur transformation numérique.

Justement, avez-vous identifié ici des freins particuliers ?

Les freins sur lesquels bute le virage numérique sont connus. Il y a d’abord la question des zones blanches, en particulier dans les territoires ruraux et montagnards, nombreux au sein de notre région. Il y a, aussi, la problématique des ressources médico-soignantes, aujourd’hui soumises à de fortes tensions. Les outils mis à la disposition des professionnels de santé doivent donc être aussi simples à prendre en main et à utiliser que possible, afin de ne pas alourdir une charge de travail déjà importante. Mais, et c’est un autre frein, il n’est pas toujours évident de tendre vers cette simplification. Les spécialités, organisations et cas d’usages sont tellement nombreux qu’il est difficile, voire impossible, de tous les traiter au sein d’une seule et même solution. Cette multiplicité des outils peut désorienter les utilisateurs, qui s’y sentent parfois un peu perdus.

Quid alors des leviers ?

Pour favoriser la transformation numérique du système de soins, il faut d’abord bien comprendre les organisations et modes de fonctionnement existants. Ensuite, il est important d’accompagner sur la durée, sur le terrain. Ce n’est pas parce que l’on aura mis à leur disposition un outil numérique que deux professionnels qui ne communiquent pas, se mettront tout à coup à échanger et à se coordonner. Le tissage de ces nouveaux liens doit être suivi, le deuxième levier est donc un maillage territorial étroit. Le GRADeS peut ici proposer un appui à distance, mais les interventions en présentiel restent primordiales pour que les utilisateurs puissent tester d’eux-mêmes les outils et en percevoir les bénéfices. Un troisième levier : la mobilisation de tous les services et référentiels socles développés par les pouvoirs publics, qui représentent une réelle opportunité pour soutenir les changements de pratiques. Le quatrième et dernier levier est d’ordre financier. Nous sommes ici en mesure d’offrir un appui aux établissements sollicitant des financements dans le cadre des programmes SUN-ES et ESMS numérique, puis de les accompagner dans l’atteinte des prérequis et l’adoption des nouveaux usages.

Nous avons beaucoup évoqué les prestations d’accompagnement de proximité. Mais votre département est aussi en charge de l’innovation. Pourriez-vous nous en parler ?

Nous travaillons ici en subsidiarité avec l’écosystème existant à l’échelle nationale et régionale – pôles de compétitivité, incubateurs, accélérateurs, etc. –, en nous focalisant plus particulièrement sur les innovations organisationnelles et, dans une moindre mesure, sur les innovations technologiques, comme celles ayant trait à l’exploitation des données de santé. Nous participons pour cela au Comité « convergence e-santé Occitanie » créé par l’ARS Occitanie, et orientons vers le bon partenaire, relayons les initiatives notables et favorisons la diffusion des meilleures pratiques d’un territoire vers les autres.

Quelles sont, pour finir, vos perspectives à court et moyen terme ?

Pour le GRADeS e-santé Occitanie, nous avons notamment identifié les enjeux prioritaires pour les mois à venir : la cybersécurité, eu égard au contexte actuel, la transformation numérique des établissements et services médico-sociaux, où la marge de progression est encore importante, l’accompagnement des nouvelles structures d’exercice coordonné pour renforcer les liens ville-hôpital. L’on parle souvent de révolution numérique, et le terme est à mon sens bien choisi car c’est effectivement de cela qu’il s’agit : les professionnels de santé vont apprendre à travailler différemment pour échanger avec tous les acteurs d’un parcours de soins, y compris les patients eux-mêmes.

Est-ce là un point de vigilance particulier ?

En effet, si les professionnels de santé sont incités à alimenter Mon Espace Santé, encore faut-il que celui-ci soit activé. Une nouvelle mission s’est ajoutée au périmètre du département API l’an dernier, celle de l’inclusion numérique des usagers. Nous animons et coordonnons un réseau d’« Ambassadeurs·rices Mon Espace Santé »  dont le rôle est de sensibiliser les citoyens à ce nouveau service public mis à leur disposition – et également les rassurer. Quant à notre trajectoire à plus long terme, elle sera fonction de la nouvelle feuille de route du numérique en santé pour la période 2023-2027 et du futur Plan Régional de Santé en cours de préparation par l’ARS Occitanie. Gageons néanmoins que les dynamiques initiées et accompagnées par le GRADeS e-santé Occitanie se poursuivront.

Article publié dans l'édition de mai 2023 d'Hospitalia à lire ici.






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